8/31/2011

Une autre époque

Irradié, soufflée par une vague de fond invisible. Comprendre que tout change, que tout est neuf, qu'il y a plusieurs vies dans une même personne. Qu'il y a des âges heureux mais qu'à certains moments on s'en tirent bien et d'autres, pas. Assister, les yeux ouverts à la fusion, à l'ébullition à cette transmutation qui multiplie, maintenant toutes les connexions. Traverser mentalement ce champ de ruines lorsque la peau grouillante d'un magma houleux n'est plus en moyen de se détendre. Voyager dans ce souvenir et se sentir glacée à l'idée de ce nouveau musée reliquaire. Ne plus pouvoir jeter du présent, encore moins du futur, ce qui désormais a été, et ne sera plus. Parce ce que c'est ainsi, maintenant. Après mûres réflexions, voici ce que je peux en dire. Je m'en tire avec un sourire, mais quelle déflagration.

Juin 2003

De l'utilité d'avoir un bon détergent

J'ai lavé les draps, les jaunes et blancs
Ceux qui ont servi, deux petites nuits
J'ai lavé ton odeur, j'ai lavé la mienne
J'ai omis de dire les mots doux les poèmes,
J'ai lavé tes yeux ta peau tes mains
J'ai lavé mon corps, déplissé mon sein,
Mais avant de laver, qu'il n'en reste rien
J'ai enfoui ma tête, une dernière fois
Deux dernières fois, trois dernières fois,
Au fin fond des draps qui sentaient le sable, le sel et la nuit,
Je garde en moi le coeur cadenassé
Ce que nous aurions pu être
Ce que nous avons été.

8/30/2011

Il faut croire

J'aurai cru que tout allait se passer avec du style
Finalement, il n'en fut rien
S'enfuir loin des précipices et des gouffres de ressentiments
Singer la fleur de lys, le lila blanc
Goûter le verre plein à ras bord
Avec l'appétit d'un soldat rentrant du front.

Les draps épais et humides un peu,
Laisserons place bientôt à une gangue pure
Couvrant à elle seule nos têtes bienheureuses,
Nous immunisant un instant de la laideur du monde.

8/27/2011

Il s'en va

Remontant la route assombrie d'un soir qui s'éveille
Assise à l'arrière, peu à peu je sommeille.
Le sel de la mer sur ma peau me pique,
Se mêle aux embruns d'algues, de sable et de crème,
Fine couche par dessus mon cuir
Sentant si bon, un été qui expire.

8/25/2011

Nous taire

Ne me dis pas de me taire quand je n'en peux plus
Ne me dis pas de m'y faire quand je n'en veux plus
Tant d'années trop à faire et la déconvenue
D'une idylle trop facile au sort déjà vu
Tu es ton propre frère tu t'étais perdu
Désormais vocifères à corps défendu
D'un monde à l'agonie où chaque saison file
(Nous ne sommes surtout plus des enfants)
Innocents et enfants nous ne sommes surtout plus

8/21/2011

Insomnia

Je dors les yeux ouverts pour ne pas perdre le contact

Les chiens aboient le ventre vide, les chiens aboient, raclent, jamais ne se lassent

Cause perdue, cause toujours

Tu fuis ton regard, là où d'autres scrutent

Ton sac d'os qui s'égare, chancelle et remue

Au bout d'un pic d'un mas tendu

Tu ne relèves pas la tête, achète à prix d'or ton sinistre sort

Debout, dehors, couché, inerte

Tu n'as plus rien en vie, plus rien en tête

Que cette lente insomnie, cette nuit sans repos

Où d'un oeil tu guettes, la querelle d'un matin à venir

Route (mal) barrée

Do it
Un jour se lancer
Vaille que vaille, la vie est trop courte
Fais-le, n'ai aucun regrets.
La vie est barrée de chutes d'erreurs et de pièges
Qui ne demandent qu'à être tentés sinon pourquoi vivre?

Face it
Le lendemain, la gueule cramée roussie de larmes amères et de boues
Je ris, je pleure, je me lave de mes passions
J'en oubliais de garder un pied sur terre
Abrutie par l'ennui, la bouche béante d'un gravier sec

Live it
Tout reste à faire à recommencer à redéfaire
J'aurais dû pu aimer comme je sais faire
« I suck my tongue in remembrance of you »

8/20/2011

Je m'énerve

Ça commence à m'agacer

Avoir, vouloir avoir

Et ça fait plotch entre tes mains

Ou ça fait rien, même.

De pas voir la queue du bout de la lumière d'après le tunnel,

De se faire trimballer par un tel, deux tels

Que tout ça n'ait pas de sens

De sentir que je dérape, que je me fâche, que je suis prête à en découdre

Que je le fais pas

D'être responsable de soi, de sa vie, de son merdier

De sa petite vie qui donne rien

D'être au bord, d'avoir envie de lâcher, qu'on me lâche.