12/06/2012

Une simple petite image en trois petites lignes #4

La fenêtre tapissée de poussière de toit
Un vélo accroché à mon balcon
Il fait pas chaud ici

11/20/2012

Le peu de foi, la foi du peu


Je vagine, j'extrais des bulles de poisses, de ritournelles, qui s'incrustent là, attendent d'être trouvées, ouvertes, mangées peut-être ?
Ça remplace les mots, ça les matérialise et ça laisse sans voix.
Je, tu, il vagine. Nous vaginons.
« Il aurait bien aimé allez à la plage avec les autres, au lieu de cela, il vaginait tout seul dans son coin. »
« Elle n'en a pas l'air comme ça, si sûre d'elle-même. En fait, elle vagine à mort. »

Je positive (un peu trop)


My today ! Explore les ondes que produisent les décisions,
Fini les phrases amorcées il y a des milliers d'années,
Trouve les liens secrets un peu moins secrets
Deviendrais-je une sorte de dieu?
A se laisser vénérer, on pourrait doucement y pencher

10/05/2012

Encore des fois


Je suis plus mon rail, je suis à côté
Je vois plus mon rail, on me l'a enlevé
Y a plus qu'des caillaisses des bouts de verre cassés
Tubes de dentifrice et mégots écrasés
Un rail est une voie, un chemin parallèle
Qui fait l'effort d'être droit quand le sol s'éveille
J'ai perdu les rails, j'en suis dévissée
Une tâche de Mariotte m'aveugle et m'immobilise
Ils y ont des chances que je sois soufflée par le mécanisme et l'allure que j'ai lancé
Je panique et fais des crises car sans rails, tout risque de m'arriver
Encore une fois.

10/02/2012

Lieu #2


L'ikéa
C'est une verrue au milieu d'un champ comme disait ma mère, une bâtisse informe, jaune, vaguement rectangulaire, au toit de tôle. On pourrait y avoir froid et détester sa promiscuité. Tout y est amassé : cuisine, table, chaise, frigo, poêle, lit, télévision, radio, lampes, habits, armoires, radiateurs... Au moins, on a tout sous la main et quand on est petit, c'est assez pratique. C'est la maison temporaire, pendant les travaux de la vraie maison. C'est là que la vie s'installe, entre camping et confort modeste, ultra-modeste. Et il faut être ouvert, être d'accord pour vivre ici, avec l'extérieur qui s'incruste au travers du toit de plaques fines, de la porte qui laisse passer l'air, du chat qui s'invite, des toilettes que l'on voit par la fenêtre. Si on regarde les détails, ça ressemble même à la maison d'avant, assez sommaire et avec si peu de distance entre les pièces que l'on pourrait à la longue s'y sentir à l'étroit. Moi je suis là en visite, ça me va. Certes, il n'y a pas de grand canapé où s'allonger et pas de salle de bain où s'enfermer. C'est si calme en même temps. J'entends le vent qui souffle et ses rafales caressent les murs. Je me sentirais presque comme lorsque j'étais ado, là, allongée sur le lit à rêvasser. A eux – mes parents - aussi, ça leur donne un coup de fouet, ça les oblige à faire travailler leurs méninges, à innover, à se déployer sur le terrain vers d'autres espaces, à se disperser, à ne garder que l'essentiel, à oublier temporairement les standards de la vie moderne pour un confort du peu, du raisonnable, du bon compromis.

9/25/2012

Ce que tu es


D'abord, tu es toi
Et puis aussi, celui-là, celui-loin
D'autre part tu es eux, que ça me plaise ou non
D'un autre point de vue, tu es nous, génial, plus génial que tous les sommets du monde
D'un côté tu serais, les parties d'anciens modèles alors
Qu'à l'inverse, tu es neuf, différent et imprévisible, comme je l'oublie !
Parallèlement, tu sonnes comme un réveil et sonnes encore quand je n'en peux plus et sonnes toujours, et fais brouhaha et décibels
En ce moment, tu résides en hypothèses, en projection, en conjectures, en choix, en questions, en dilemmes
Ce qui est sûr, tu existes «  par la porte ou par la fenêtre »

8/31/2012

Mst


Nous en avons passé du temps ensemble. Tu sais, tu étais là. Tu disais que tu ne voulais pas. En fait, tu n'as peut-être tout simplement pas osé. Je venais d'avoir 17 ans quand ça s'est déclenché et j'ai remué ciel et terre et mer et porte verrouillée. Jusqu'à ce qu'on me regarde de travers oui, j'ai pas arrêté, même pas une minute. Ça dormait. Course de fond à s'en limer l'estomac. C'est possible ça ? Tu l'as déjà fait pour quelqu'un ? (Est-ce que je mérite ton estime pour ça ?) Et quand tout me paraissait normal et que ma petite vie a repris son chemin, t'es revenu. Toc Toc, Vlan-dans-les-dents-c'est-pas-fini I'-m-back. Ça fait long maintenant... C'est loin tout ça, non ? Ça reviendra plus ? (Toujours se méfier des promesses que l'on se fait à soi-même)

8/26/2012

De l'air

Par delà les cendres de nos destins croisés,
brûle l'étincelle vive des nouveaux baisers
irradie d'ambre chaud le dessin de ta bouche
courbe l'emploi du moi, froisse mes pensées souches.
C'est une aube dans la nuit, une étoile d'amandier
une foi qui se lève, d'un horizon à portée.

7/26/2012

Une simple petite image en trois petites lignes #3


Un grand bonheur t'attend au coin de la rue
Embrasse-le et suit-le jusqu'au prochain carrefour
C'est comme ça qu'on apprend à se conduire quelque part

Images pour la postérité #1


Life on mars ? - David Bowie


Tout vole en éclat
Le relatif a même relativisé la mort, la vie, mon corps
J'oublie qui je suis, ce que j'ai cru, ce que je vois
Je n'entends rien à part le foisonnement ignoble de mes pensées qui s'agglutinent,
Bazardées de droite à gauche, comme dans un flipper, à l'agonie.
Elles ont des ailes de papillons froissées, s'envolent et se cognent aux fenêtres fermées,
Cherchent le Nord ou la lumière,
Ne trouvent qu'un air sec et une peur qui bat son tambour dans toute la forêt immobile.
D'avoir trop excusé, disséqué, défendu, mon corps est las.
Mon esprit s'ensommeille, assommé par son propre bruit d'évier qui dégueule et se vide
Je voudrais qu'au bout du bout de cette fatigue, de cette quête sans fin, se glisse les plans d'une reconquête,
Un peu moins de bruit s'il-vous-plaît, y compris dans ma tête.

6/20/2012

Ex-après-midi de plage avant l'automne

Il parle à son chien.
Elle lui gratte les boutons sur son dos. Il la caresse sur l'arrière de la cuisse. Là dit : « Tu te rends compte un peu du temps! ». Elle regarde l'intérieur de son sac. C'est le même qu'il y a cinq minutes, il ne s'est rien passé depuis.
Il renifle en pensant à son chien.
Il y en a un qui crie dans l'eau, on dirait qu'il dit « connard », mais en fait on n'entend pas très bien d'ici.
Il y a aussi des bruits de moteur avec des jet ski, des bateaux. Le soleil lui aussi s'écrase de plus en plus. Celui d'à côté s'appelle Vincent. L'eau monte, elle aussi fait du bruit. En un coup d'oeil, je dénombre neuf enfants. La plus petite doit avoir à peine trois ans, le plus grand dix ou onze.
A gauche, il y a aussi des groupes. L'homme re-parle à son chien, il lui dit d'attendre et maintenant il tape son pied sur un caillou, je ne comprends pas trop pourquoi. Y en a trois qui rigolent bien derrière. Elles sont allongées et rient, peut-être que l'une d'entre elles vient de parler de sa derrière nuit avec un abruti.
La mer monte.
Y a une fille qui a fait le même geste que celui que l'on fait quand on prend de la coke, en appuyant sur sa narine.
Le petit garçon rentre dans l'eau, il a des gants palmés. J'ai cru qu'il était handicapé, mais non.
Les têtes des gens dépassent de l'eau, on dirait qu'elles y sont depuis des heures et des heures mais c'est sans doute pas les mêmes personnes.
Je repense au film de Valérie Mréjen «En ville »  et je me dis que c'est pas bon. Dommage. Pourquoi les voiles des bateaux sont blanches pour la plupart ?
Il a vraiment une tête de killer le mec au chien.
Ils ont l'air très amoureux, le couple avec la fille qui grattait le dos, c'est un très beau baiser de cinéma sur la plage. Ça a l'air fatiguant parce qu'après, elle semble dormir sur son épaule.
Je me demande si c'est énervant pour les autres de voir quelqu'un écrire quand on sait pas ce qu'il-elle-moi écrit. Moi, ça m'énerverait. D'ailleurs j'ai chopé le regard du type qui embrassait sa copine en relevant la tête et je crois que c'est ce qu'il se demande car, à vrai dire, je dois avoir l'air un peu cinglée et en plus j'écris vite, comme si je remplissais un chéquier.
D'ailleurs, il me vient une idée : je vais me mettre à écrire de plus en plus vite, on va voir jusqu'à quel rythme je peux écrire sans trop faire de fautes et aussi pour savoir si mes idées arrivent plus vite. Est-ce que les deux se coordonnent, cerveau-crayon, crayon-cerveau ? Qui va l'emporter ? Ah, je crois que j'ai déjà un claquage mais je crois que ça vient des deux. Peut-être que je suis pas encore mûre pour ça. Un jour peut-être, faut que j'arrête. Je vais avoir une crampe, j'ai déjà les fesses toutes dures.

5/26/2012

Lettre de motivation #1




Donc voilà, tout a commencé avec mon père. C'est un peu à cause de lui en effet. Technicien à la Navale de St Nazaire, il lui arrivait d'emprunter certains week-end via son comité d'entreprise, un magnétoscope et quelques cassettes VHS. Lorsqu'il rentrait avec la mallette gris métal attachée au porte-bagage de sa mobylette, cela voulait dire que nous allions passer mes soeurs et moi, deux jours à mater des films à la chaîne, probablement en pyjama (au moins le dimanche). A peine arrivé et l'on découvrait sa sélection : Brazil, James Bond, des tas de films et documentaires sur la seconde guerre mondiale, des films d'horreur dont Evil Dead, La guerre des boutons, Elephant Man, les 400 coups, le Baron de Münchhausen (encore T. Guilliam, oui), Willow, Appelez-moi Johnny 5, les Goonies, Alien, Pirates, Shining, les Charlie Chaplin... Voilà quelque uns des mes premiers émois. Comme pour bien des gens à l'époque, choisir un film que l'on désirait voir était un luxe, un privilège qui commençait à peine à se répandre. Lorsque que je devais avoir neuf-dix ans, ma grande soeur a fait cadeau à mon père - ce téléphage-cinéphile ou cinéphile-téléphage je ne sais pas très bien - d'un magnétoscope et là, les choses ont changé. Plus la peine de se cacher à l'étage pour voir Poltergeist depuis le balcon lors de son passage à la télé (ce que nous faisions tout de même pour le sport), on pouvait désormais avoir accès à la demande aux films et enregistrer de manière individuelle et selon nos goûts propres, mais aussi se constituer un petite vidéothèque. Les échanges aussi commençaient. C'est ainsi que j'ai dû tomber un peu trop tôt (un mal pour un bien finalement) sur le Twin Peaks de David Lynch qui m'a vraiment marqué. Son ambiance flippante aurait dû me faire peur, son esthétisme et sa lenteur me détourner. Mais au contraire, je crois que j'ai été happée, fascinée par la narration, les personnages border-line dans lesquels que je me retrouvais - enfin?- et leur tragique ironie, la musique lancinante et collante comme de la sueur... Le mélange brillait comme une perle noire et résonnait comme un tambour dans mon inconscient à peine éclos. Je crois que c'est avec ce film que j'ai compris qu'il y avait une vision, un auteur derrière et qu'au lieu de le fuir, de m'en détourner, j'ai choisi volontairement de me livrer à lui afin qu'il me mène là où il avait envie. Même si j'avais peur de cet inconnu, je décidais de lui faire une totale confiance, le temps d'un film. Finalement, c'est aussi dans le cinéma que j'ai le plus cru ce jour là.

Sans titre


C'est un impossible passage de porche
Nous ne portons que notre poids et d'ici là
Le dos ploie de rancunes et reproches

Pauvrement vêtus, costumes sommaires, un âne devance la frêle caravane
On dirait que mieux que l'homme, la bête connait le soupire qui anéantit l'être, efface le rire
Plus volontaire, elle guide le couple miteux, plongé dans la boue de ses souliers
Passe le porche, le trio s'en tire
Qu'ainsi vive l'âge terne !

4/20/2012

Extrait de scénario # 6

Le fils : Qu'est-ce que tu fais ?

Mère : Moi, heu... (elle repose le joystick) J'utilisais la machine. (Elle a l'air désorientée, l'oeil hagard)

Le fils : Encore ? Tu l'as déjà fait ce matin avant de partir. Je t'ai vu.

Mère : (gênée) Et alors, c'est comme on veut non ? Y a pas de contre-indications, non ? C'est marqué dans le manuel...

Le fils : Oui mais tu sais bien. C'est préférable de ne s'en servir que pour les grandes occasions. Comme l'anniversaire de la mort de papa... Cette mémoire, il ne faut pas VIVRE au quotidien avec. Tu vas t'en rendre malade ! Et puis il faut avancer. Méla est petite encore, elle a besoin de toi.

Mère : (soupire) Je sais bien que tu as raison. (l'air dépitée, elle s'assoit, met sa tête entre les mains) Quelle idée, quelle idée ! Je n'aurais jamais dû l'acheter, jamais. Mais c'était trop tentant ! Avoir le souvenir exact d'un moment passé avec ton père, son étreinte... l'odeur de son pull gris, le picotement de sa barbe. Ses bras qui me serrent... (Elle le regarde maintenant et pleure) Je n'y arriverai jamais toute seule...

Le fils : Maman, moi aussi il me manque... mais je n'éprouve pas la même sensation dans ces bras virtuels. Celle que je garde, elle est là (il désigne sa tête) et là (son coeur). J'en suis sûr.. C'est pour ça que je ne veux plus m'en servir. Je ne veux pas être attaché à ce sentiment pour le revivre, je veux qu'il me porte au contraire.

Après un silence

Mère : Tu crois que… ils la reprendraient au magasin ?

Puits

Epines et ronces forment le matelas

Où dansent, dansent les filles de joie

Tout près du puits où la terre est noire

Coule l'amer sang d'oignon

Répandu à ton cou, sainte protection

Fait baver canines et panses à l'air.

3/13/2012

Une simple petite image en trois petites lignes #2

Un pur jus pressé

Révèle le sang de l'encrier

Satisfait toujours soifs et passions

12x12

Jamais plus je ne dirais o si doux jamais
Jamais plus tu ne me diras encore toujours
Une fois l'amour c'est déjà trop et contre tout
De commencer et d'en finir, j'en perds la suite
T'y retrouver, là où j'étais t'étais parti
Là où j'arrive tu as quitté esquisse l'éclipse
Compose le temps futur d'un imparfait présent
Un point c'est tout, circule virgule c'est une question
Nous dirons-nous, nous dirons-t-ils à vous de voir ?
Est ainsi fait de l'ambroisie que nous buvons
Une fois sur deux deux fois par mois c'est un chantier
Rien que des mots always des mots et des baisers.

La fleur isocèle

Dans un jour, tu ouvriras les bras
Réclamant au ciel ce qu'il t'avait promis,
Le silence sera ta seule réponse et la pose ankylosera tes membres.

Dans deux jours tu trembleras de tout ton être
Refusant sans répit l'injustice, le parjure fait à ta chaire.

Mais dans trois jours à l'aube de la défaite, tu relèveras le genou
Il quittera la terre car plus tu le cries, plus tu te viendras en aide.

3/02/2012

Ne paie pas de mine mais vaut de l'or

Lorsque l'on va me demander, qu'est-ce que c'est ? Je dirais, c'est un bagage, une vieille valise cartonnée. Ils n'y prêteront que peu d'attentions à cause de son aspect extérieur : marron, un peu écornée, quelques clous brillants aux angles. Bref, une valise, la plus banale qui soit.

Ils ne sauront jamais sa valeur, qu'elle même se plaît à ignorer. Ils ne pourront pas comprendre l'attachement viscéral pour cet objet, si peu parlant de prime abord. Elle seule a compris, a vu au-delà de la boîte et aime cette boîte. Elle la protège le plus jalousement du monde et sans que cela se sache, défiant chaque jour un peu plus le bon sens, la raison. Elle sait qu'il n'y en a pas partout des comme cela. Elle lui a donnée ce surnom « Ne paie pas de mine mais vaut de l'or ».

Accident de reflet

Depuis plusieurs jours, crème après crème, fioritures après fioritures, maquillage, poudre, rien n'y fait. Le miroir le dit un peu trop fort pour ne pas l'entendre. Entre fait et sentiment, il me torture à coup de « vieille » et « pas belle », se posant là, tremblants de haine. Je n'y peux rien, c'est inutile d'aller contre. C'est un accident, un reflet de personne qui me sonde maintenant.

2/25/2012

Une simple petite image en trois petites lignes (J.Kerouac) #1

Dans le ciel et dans les bois

C'est une énigme foulée au pas

Dites moi donc, où meurent les avions ?

(Rare) Alunir, atterrir, se poser sur la lune. (Terme condamné par l'Académie des sciences et l'Académie française)

Sur une largeur de 150 cm, enlevez retirez un premier bloc sans sommeil de 75cm et approximativement 180 en hauteur, sur un total de 210.

Dans le même temps, se défaire de 6 litres de sang, une langue, deux bras, un gros orteil abîmé, un front frais, des mains alunées sur l'autre bloc > 60 x 150 H.

Reste au mitan de ces 3,15 m2 un bloc rectangulaire de 0,9 m2 interdit, qui se demande pourquoi il est nu, pourquoi il a froid.

2/19/2012



Qu'y a-t-il à voir au bout du monde ?
Un autre bout du monde sans doute.

2/02/2012

Passe l'hiver - Dominique A

Aujourd'hui, j'embrasse le vent du Nord, le ciel paraffiné de nuages aux lacrymales incertaines
J'embrasse la ville, ceux qui la traversent, son oubli, insouciante d'elle-même
Aujourd'hui j'ai l'âme russe, je voudrais que gèle la Loire et s'y fixe l'effrayante congère, mêlant aux joies de la blanche rigueur, l'horreur de ceux qui ne passeront pas l'hiver.
Aujourd'hui enfin, j'embrasse un mois reflet d'un nom, j'embrasse le premier février sur le front.

1/27/2012

Right now - personne


T'as personne encore et personne n'est à toi, ça n'existe plus ça.
On se prête seulement.

1/13/2012

Lieu #1

C'était au milieu de la balade. La neige fondante résistait mollement là où se fixait l'ombre. Nous étions tous absorbés par nos pensées, les unes gaies, les autres moins. La mousse recouvrait les branches laissées au sol en tas et s'éternisait aussi sur les pierres si peu approchées. Un endroit presque vierge, un endroit rêvé. Peu à peu, nous entrâmes sous les sapins, dans une forêt préconçue et ordonnée. L'air y était frais comme dans un frigidaire. A chaque pas, les frottements de nos pieds sur les épines devenaient plus intensément perçants tandis que, le chant des oiseaux et le vent s'éloignaient de plus en plus loin. Arrivés au milieu du bois, le silence devint total. Plus personne ne bougeait. La lumière comme l'horizon était basse et blanche. Tout ce que nous pouvions entendre désormais tenait dans nos souffles surpris, trahis par des battements de coeurs qui tentaient de se communiquer la même émotion. Comme pris par la panique d'avoir nagé trop loin du rivage en réalisant la profondeur sous nos pieds, les regards se croisèrent pour chercher le chemin au bord de la plantation. Le temps de remarquer des traces d'animaux à nos pieds, déjections ou régurgitations. Quelque part, nous n'étions que des visiteurs, étrangers d'un lieu visiblement pas fait pour nous.

1/04/2012

Extrait de scénario # 5

Elle était debout, son regard le transperçait. Sa cigarette finie, elle vida son verre avant de s'avancer vers lui, toujours en le fixant. Elle savait quoi lui demander et comment, mais bien-sûr, elle hésita. Enfin, elle donna l'air d'hésiter un peu pour ne pas lui donner l'impression que son affaire était réglée.

Je voudrais t'embrasser, lui dit-elle.

Il ne dit pas grand chose et, docile, se laissa conduire dans une pièce un peu à l'écart. Il faisait sombre et la musique semblait comme étouffée par l'obscurité. Il s'approcha, la saisit par la taille et sans plus de cérémonie, l'embrassa. La position verticale bizarrement, n'était pas la meilleure dans ce cas-là. Pour y remédier, ils s'allongèrent d'un même mouvement sur le parquet jonché de vêtements et encore moins confortable, mais qui semblait plus adéquat. Quelque chose ne collait toujours pas. En ce concentrant, elle essayait de retenir son attention sur ce qu'elle était en train de faire, sur ses lèvres, sa langue, son taux d'humidité, sa texture. Mais très vite, elle compris. Elle n'aimait pas ce baiser, l'écourta et sortit de la pièce aussi simplement qu'elle y était venue.