8/06/2018

Instantané #6

Peut-être les mouettes du lac de Saint-Mandé sont les arrières-arrières-arrières-arrières petits enfants de celles venues du Havre ou de Fécamp cet hiver là ? Peut-être qu'elles ne savent même plus que la mer existe ? Leur chant, toujours le même pourtant, surplombe un instant celui des perruches, égarées elles aussi, dépaysées.
Il me transporte dans cette chambre de Noirmoutier. La sieste moelleuse, les draps défaits, le temps suspendu par leurs cris aigus, déjà passé.

Une simple petite image en trois petites lignes #11

Loire
Pleure et coule
D'à ma place.

Le fil d'Ecosse


Je n'avais pas le souvenir que les églises étaient taguées. Sur chaque pylône, sur chaque pierre à hauteur d'homme se trouve une inscription. Des cœurs, des noms, des dates. Le tout gravé dans des typographies particulières, issues de la mode de l'époque. Ici, de sont des Écossais qui se nomment. Un Mac Dougall côtoient un Stewart of Darney, enterré ici pour s'être battu au côté des Français contre les Anglais il y a de cela 591 années. Et cela continue... Quelle impolitesse à la pierre. On la charge de trop d'histoire particulières, et elle en hérite.
Comme celui là : Paul Colle 1643. Il l'a écrit juste pour que quelqu'un dise son nom à voix haute ? D'autres s'embêtent moins : G-C 70. Mais de quel siècle ?
Il y a le classique : R.V. On dirait presque une blague.
Et en 1684 déjà, il fallait savoir écrire pour graver son nom. Donc, détériorer un monument devait être une activité bourgeoise ou d'érudit. Ce n'est pas N. Linge qui me contredira.
Il y a du crayon de bois, du stylo, des éraflures, des incrustations censées tenir des siècles et des siècles. Et puis des marques, des striures parallèles de ponçage faites par-dessus par les gens de l'église et cela a l'air d'être fait régulièrement. Les pierres, jusqu'à un mètre 80 de haut sont d'ailleurs plus blanches, comme entretenues. Ici, un beau 1738 bien lié comme on l'imagine écrit dans un livre d'époque.
Une supplique : « Saint Christophe protège ma fille et moi » sur un autel mais la statue n'y est plus.
Une date entière : 28.8.1945
Un slogan : « Bordelais, le bien aimé » et un concurrent : « François le Picard »
Un duel de villes sur pylône parallèle avec Lens d'un côté et Auxerre de l'autre écrits au marqueur vert. Dans quel intérêt ?
Pendant ce temps-là à la boutique de souvenirs, Marc dit à Gaëtan qu'il vient de changer la couleur de la conversation avec Michèle.
A-t-il reçu assez de messages ?

Omphalos


6/22/2018

Instantané #5

Les urbains hautains, ou l'inquiétude de pas être comme il faut.
De l'extérieur, on dirait deux couples parfaits et leurs charmants parfaits enfants. Ils ont des habits d'îliens - vareuses, sac en ciré, T-shirt marin à rayures - plus quelques accessoires qui marquent leur appartenance à un certain monde et un je-ne-sais-quoi d'esprit de clan. Ils n'habitent pas les maisons de location d'ici. Ils ont les leurs. Ils s'y retrouvent et saluent leurs parents qui ont eux aussi leurs propres maisons. Ils ne se mélangent pas. Inutile. Ils ont ce qu'il faut. Mais quand ils passent et traversent l'arrière du jardin, se lève comme un souffle d'inquiétude diffuse, de peur tapie dans leurs déplacements. L'impression qu'ils donnent est ambiguë, comme s'ils se surveillaient, s'observaient eux-mêmes. Des rois pas à leurs place, pas convaincants. Leur barbe est trop bien taillée, leur coupe de cheveux aussi, leurs enfants bien trop sages. En dehors de leur statut, ils n'ont pas l'air très intéressant.
Que c'est bon de juger... Est-ce qu'ils sont riches ? De quoi ? Le suis-je plus qu'eux tous réunis ? Peut-être.

Notes pour plus tard #7


Hoedic, quoi.

Donc, vacances.
Donc, pensées qui filent et se défilent.
Donc, nouveaux visages, nouveaux paysages.
Donc, nouveau tremblement de cœur.

Phrases de rêve #9

Je révise ma copie.

1/08/2018

Boucherie #6


Nîmes, septembre 2017.