Des jours

Des lundis


Elle parle à sa copine dans le métro. 
Il est 8h44. Elle a des lunettes rondes qui font ressortir ses cernes. On dirait qu'elle a été traînée hors du lit, pourtant elle est jeune. Elles discutent de travail entre deux soupirs. 
Sa copine lui demande où elle en est de "son projet". La fille a un sursaut, elle se redresse contre la vitre, reprend pour un court instant couleurs aux joues et étincelles dans le regard. 
Puis c'est la défaite du corps qui la rattrape. Elle ploie sous lui, s'écroule un peu, et redis en utilisant ce qui pourrait ressembler à de la motivation dans sa voix si seulement c'était le cas :" mon projet"... 
Mais elle n'est pas à un entretien ou devant un prof, et regarde sa copine avec un sourire qui pourrait dire : " seriously? " comme on dit désormais. "T'es ma pote et tu me demande ça?"

Lundi #2
Reste de week-end pas digéré. Dans les rêves, dans les choux, regardant les clous sans trop penser s'y rallier. L'injustice du réveil. L'envie de revenir sur ses pas et puis l'heure qui tourne. Le méli mélo de l'estomac. Les questions sans réponse, des choses qui auraient pu être autrement ce week-end et que non finalement. Un début d'agenda. C'est là qu'on pense au moyen terme, aux vacances, au départ, à tourner la page et à changer d'horizon. Tout est entre les mains de la météo le lundi. C'est la pluie chaude et douce, le soleil qui agresse, le vent qui berce, l'orage imprévu. Pas besoin s'accrocher en cherchant à établir un cap, la journée vous emporte, se termine, sur un top, sur un flop. C'est un premier lancé de dés et les dieux peuvent choisir leur coups, ou sont déjà occupés, bien occupés.


Lundi #3 : les deux amis qui s'assoient à côté sans se reconnaître. Puis s'esclaffent et se mettent à déballer le topo du week-end, des dossiers en cours. Tout est détaillé, hyper précis, technique. Ils m'angoissent.

Lundi#4
Ben... Rêve. Pipi. 
On est déjà le 3.
Tu la verrais où ta vie sinon?
Régression, hum... Ça doit être ça. Il est passé où le week-end, le mois, l'année, la vie?
Et t'aurais mieux fait de pas répondre, d'enterrer. 
"Dont burry poetry"
Y paraît que c'est les vacances. 
À d'autres!
Qu'il y aurait même d'autres sourires sur d'autres lèvres.
Attention, il faut pas empêcher les portes de se fermer, parce qu'il y a du monde
Ah. 
Et pleins de gens qui continuent leurs rêves. 
Ou qui lisent
Ou les deux.
Même si on porte encore nos habits d'hiver

À quand l'été?



Des mardis


Journée des prises de rendez-vous, la semaine avance. 
Se rendre compte qu'il reste tout ça à faire.
On thématise, on s'organise, on fait un plan d'action.
On se remémore ceux qui attendent quelque chose de nous et ce que nous on attend d'eux.
La sensation du week-end s'est évaporée. 
On retrouve les têtes que l'on avait moins vu la veille, perdu dans ses pensées.
C'est plus rare qu'il fasse beau un mardi.
Elle est besogneuse, elle s'annonce dense.
On se sent d'attaque car le sommeil a été long, lourd. 
C'est le réveil qui te réveille le mardi. 
On se sent responsable de choses à gérer. 
On voudrait y arriver, gérer, être au top.
On dresse un liste mentale.
Mais ça c'est le matin...
Il arrive qu'un petit caillou réduise tout cela à néant. 
C'est le tram qu'on rate, la liste qui croise celle plus privée des autres choses restées en suspens elles aussi.
C'est de croiser un désir et se souvenir qu'on l'a eu, d'ailleurs il n'y a pas si longtemps, que doit-on en faire?
Et puis cette liste qui s'allonge et sur laquelle on se met à revenir. Qu'est-ce que l'on met en haut? 
Parce que ce dont on se rappelle aussi, c'est que l'on ne peut pas tout faire, tout être, tout vivre.
Qu'il faudra se contenter d'une partie et peut être de rien. Que l'on est imparfait, bien plus que l'on ne se l'imagine.
Mardi #2
Commence avec les oreilles chargées de bruit, la vue gavée d'information. Je crois que c'est ça qui détourne. Confondre ce qui est là avec ce qui a de l'importance. Il n'empêche, je plains celui qui a besoin du bruit pour se réveiller.
On passe devant un bahut. Fin mai devant le lycée. Comment j'étais moi à l'époque? Comme eux j'imagine, enthousiaste devant les grilles avec les copains, sombre et angoissée lorsque je me retrouvais seule. Les meilleurs moments, les pires aussi c'était à deux finalement. Là aussi. 
C'est mardi qui se prend les pieds dans lundi de Pentecôte.


Des mercredis

Le Mercredi commence dans la panique et l'angoisse. Où l'on va comme par obligation, comme vers l'abattoir. C'est une drôle de détermination : d'un côté les jeux sont faits et de l'autre, il reste une lueur d'espoir.
Car c'est le milieu de tout, c'est aussi une crête où l'on peut se rendre compte de toutes les possibilités existantes, bonnes et moins bonnes. Mais pas forcément à portée. Ni exclues définitivement.
C'est aussi le jour des enfants. Ils existent, ils sont là, ils doivent vivre et grandir encore plus le mercredi, par tous les moyens. C'est surtout les petits que l'on voit. Les grands se cachent, restent seuls ou entre eux. 
C'est un jour comptable, qui avance vers la fin de semaine. 
Le calvaire devient plus concret donc plus relatif, plus joyeux. 
De là, on aperçoit presque la pancarte, Exit.



Mercredi #2
Mercredi sunny
Poussée à bout, tellement loin que je me reconnais plus et je sors des armes insoupçonnées, intactes, aiguisées.
Et puis la nuit est venue la-dessus, par-dessus cette humeur marécageuse
Elle y a déversé dans mes rêves des chansons d'amours, celle que j aimerais chanter à quelqu'un. Alors comme je suis seule, je me réveille, je les enregistre et je me les offre.
Elles sont dans mes rêves mais elles ont le pouvoir d'évacuer tout le négatif, le douloureux, la pesanteur de la veille.
Tout à été balayé par la douceur d'un chant, tout s'est évaporée par la voix sûre, par le message que la musique m'à transmis en quelque notes
Jusqu'au premier bus qui passe, au premier Klaxon dans la rue qui me rappelle que le jour nouveau est arrivé
Élargi ton sourire aujourd'hui
Laisse passer les rêves qui te guérissent
Laisse-les te guider
Laisser passer la douleur, laisse-la s'en aller



Des vendredis

Commence par un lâcher prise. Plus rien n'a d'importance, après tout. On se laisse aller dans le courant. On s'y glisse, avec panache cette fois. Presque fort. Presque chanceux. En la croisant ce jour là, elle aussi se démultiplie. Après tout, pourquoi pas?
C'est aussi les derniers restes, on fait avec et on demande aux autres de faire avec. Que ce soit d'énergie, de gentillesse ou d'implication.

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